La fonction de la musique dans deux films dans deux films de Stanley Kubrick : 2001, l'Odyssée de l'espace (1968) et Orange Mécanique (1971).
Ces deux films représentent un tournant dans la filmographie de Stanley Kubrick et plus particulierement dans le traitement de la musique. Kubrick a déclaré qu'il avait, pour 2001, je cite, "cherché à créer une expérience visuelle, qui passe outre les catégories verbales et pénètre directement dans le subconscient avec un contenu emotionnel et philosophique." Plus tard dans cette même citation, il compare l'ecriture d'un film a l'ecriture d'une musique, c'est de là que vient tout le mystère du film car comme Kubrick le dit lui même, chercher à expliquer une symphonie de Beethoven serait ridicule.
Son expérience visuelle terminée, Kubrick mit du temps avant de trouver les morceaux appropriés, il cherchait une musique pouvant accompagner parfaitement les images et il a finalement trouvé le Beau Danube Bleu un peu par hasard. C'est comme ça que Kubrick a crée une révolution, non seulement dans sa propre oeuvre mais aussi dans l'histoire du cinéma toute entière en incluant dans ses films une synchronisation de musiques pré-existantes ou comme dans le cas d'Orange Mécanique un peu plus tard, de musiques pré-existantes et re-travaillées.
I Histoire des musiques majeures utilisées.
Compositeur le plus mis en avant dans le film est bien sûr beethoven et a traver lui, la 9ème symphonie et deux de ses mouvement. Beethoven est un compositeur allemand il nait en 1770 et meurt en 1827.
La place de Beethoven dans la musique classique est un peu spéciale puisqu'il est considéré comme l'un des derniers représentants du classicisme viennois et en même temps comme l'un de ceux qui prépare l'evolution de la musique classique vers le romantisme cad vers un retour a la recherche de l'emotion. (mouvement initié par la littérature puis tous les autres arts ont suivi (peinture, sculpture et donc la musique).Les premieres oeuvres de Beethoven sont donc plutot a placer du coté du classicisme, on ressent même l'influence de Mozart parfois, tandis que en gagnant de la maturié, ses compositions allaient de plus en plus du côté du romantisme.(ou plutot du pré romantisme). Si Beethoven a montré son génie par différents moyens ds l'ecriture musical, c'est grâce a ses symphonies qu'il est aujourd'hui encore mondialement connu.(tout le monde connait les quelques notes d'ouverture de la 5ème symphonie ou l'hymne à la joie).
la 9ème symphonie qui nous interesse ici, serait donc plutot du coté du pré-romantisme car composé plutot sur la fin de sa vie.(elle a été crée le 7 mai 1824 et c'est elle qui a fait renouer Beethoven avec le succès pendant quelques temps). Cette derniere symphonie de Beethoven, composée de 4 mouvemnts, peut etre considéré comme son chef d'oeuvre notamment grâce a l'introduction de choeurs dans le dernier mouvement, une innovation dans l'ecriture symphonique. Les paroles de l'hymne à la joie sont tirés d'un texte de Schiller que Beethoven avait toujours voulu mettre en musique, Cette hymne à la joie est très caractéristique de Beethoven puisque déja dans la Cinquième symphonie on retrouvait cette évocation musicale du triomphe de la joie et de la fraternité sur le désespoir.Il possédait une grande foi en l'homme et un profond optimisme qui lui permit de composer meme lorsqu'il est devenu completement sourd.(période de la 9ème symphonie notamment).
L'autre musicien classique qui compte beaucoup dans la bande originale d'Orange Mécanique est Gioacchino Rossini, un contemporain italien de Beethoven puisqu'il nait en 1792 et qu'il meurt en 1868. C'est l'ecriture d'opéras qui a rendu Rossini célébre dans le monde, même si son nom n'est pas aussi connu que celui de Beethoven, certains de ses airs le sont autant que ceux du compositeur allemand, ses plus connus sont justement ceux que l'on entend dans le film.Il a composé plus de 30 opéras dans tous les styles (comique, farce, tragique...) en imprimant un style particulier qui a inspiré de nombreux compositeurs apres lui.
On peut noter que c'est le meme Schiller qui a inspiré l'hymne a la joie de Beethoven et la composition de l'opéra de Rossini Guillaume Tell qui reste celebre pour son ouverture utilisée dans orange mécanique.Cet opéra reste aujourd"hui le plus long jamais composé puisqu'il dure 7h quand il est joué en intégralité.
Le troisième compositeur classique majeur utilisé dans ce film est HenryPurcell, il était anglais, c'est celui des 3 dont Kubrick a pris le moins de morceaux (1 seul) mais c'est un des airs les plus importants puisqu'il apparait au debut du film et revient ensuite souvent de maniere periodique. C'est donc la "Musique pour les Funérailles de la Reine Mary".Purcell est le plus ancien de 3 puisqu'il est né en 1659 et est mort en 1695 a l'age de 36 ans donc.
Le genre dans lequel Purcell s'est le plus illustré est celui du semi-opéra, un genre spécifiquement anglais du 17e siecle, sorte de mélange entre opéra et theatre où la priorité est au drame parlé, des scenes chantées apparaissent tout de meme quand l'intrigue peut le justifier.Le morceau de Purcell choisi par Kubrick est un passage d'un hymne composé pour les funérailles de la reine Marie II.
II Sens et esthétique dans les films.
A la différence de 2001, musique classique a été retravaillé dans Orange Mécanique, c'est Walter Carlos (devenu plus tard, Wendy Carlos a la suite d'un changement de sexe) qui a fait les arrangements electroniques.Kubrick a surement voulu accentu le caractere intemporel de son film en melangeant musique classique des siècles passés et éléments electroniques modernes. Par exemple les choeurs du 4ème mvt de la 9ème symphonie deviennent inaudibles, ce mélange de classique et de modernité renforce le côté décalé et dérangeant d'Alex.
Musicien le plus utilsé est bien sûr Beethoven à cause de la passion qu'a Alex pour lui.
Mais 9ème symphonie pas le même sens partout : extrait du second mouvement scène dans la chambre d'Alex, repos d'Alex, jouissance, voit scènes qui n'existent pas, s'imagine dans scènes de sexe et de violence, ouverture vers un autre monde = (drogue), caméra accompagne délires d'Alex en filmant les jésus au rythme de la musique-->impression qu'ils dansent pr le spectateur, même délires qu'Alex.
Second mouvement accompagne Alex alors qu'il es au maximum de sa force (ce qu'il appelle "époque bénie") et aussi lorsqu'il est au plus mal-->fin et tentative de suicide chez l'ecrivain.
Vraie différence de fonction pr un même mouvement de la 9ème symphonique
2ème mouvement n'est pas le seul utilisé, aussi le 4ème, l'un des airs les plus connu de Beethoven : l'hymne à la joie. Très important car il contribue a donner au film un aspect ironique : hymne à la joie associé à la violence d'Alex.
Comme le 2ème mvt, le 4èmvt est associé à des moments très différents du films, la première fois qu'on l'entend c'est lorsqu'Alex est dans le magasin de musique et qu'il rencontre les deux filles, on a affaire ici à un moment un peu monotone d'un 4ème mvt qui pourtant ne fait que monter en puissance, il accompagne Alex qui marche. Mais on entendra jamais l'envolée qui est une des grandes forces du 4ème mouvement.
On pourra l'ecouter bien plus tard, durant la 2ème utilisation du 4ème mvt : pendant le traitement Ludovico, c'est le moment où Alex sera dégoutée de cette neuvième symphonie, la dimension ironique prend ici toute sa force : pendant qu'Alex est attaché sur un fauteuil, les yeux grands ouverts forcé de regarder des images de propagande nazi, Kubrick a placé l'hymne a la joie, il aurait pu mettre un autre mouvement de la 9ème, Alex aurait été degouté de la même façon ensuite, mais s'il a choisit le dernier mouvement dans l'un ses moments les plus forts c'est bien pour renforcer la dimension ironique de son film.
Quelques paroles de l'hymne a la joie :
Que celui qui a le bonheur
D'être l'ami d'un ami ;
Que celui qui a conquis une douce femme,
Partage son allégresse !
Oui, et aussi celui qui n'a qu'une âme
Sur la terre !
Et que celui qui n'a jamais connu cela s'éloigne
En pleurant de notre cercle !
Finalement la dernière utilisation de la 9ème symphonique intervient à l'extrême fin du film alor qu'Alex est à l'hopital, le passage utilisé ici est aussi l'extrême fin du dernier mouvement de la symphonie, le fim se finit en même temps qu'elle par une montée en puissance alors que nous comprenons qu'Alex a retrouvé toutes ses facultés, ensuite les deux se terminent brutalement.
Un autre musicien très utilisé par Kubrick dans le film : Gioacchino Rossini, Kubrick reprend extraits d'opéras de Rossini : 2 extrait de La Pie Voleuse et 2 extraits de Guillaume Tell, extraits d'opéras mais toujours sans paroles, juste musique, normal pour Guillaume Tell car 2 extraits de l'ouverture (jamais de paroles pendant les ouvertures d'opéra).
Pour la pie voleuse on, retrouve son ouverture pendant le combat avec la bande de Willy Boy, puis on peut entendre un autre passage de l'ouverture pendant la scène où Alex bat ses droogs et enfin on ented l'ouverture une dernière fois pendant la scène de la dame aux chats-->cet opéra reste donc toujours associé à la violence mais il y a une sorte de montée en puissance : la première utilisation montre le plaisir pur qu'Alex trouve dans la violence, la deuxième montre toujours Alex violent mais une violence "utile" car il doit montrer qu'il est le chef, et enfin la 3ème utilisation se situe au moment où la vie d'Alex va basculer, le moment du meurtre, trop loin ds a violence.
Cet opéra possède donc la même fonction au sein du film, il est toujours associé à la violence, et toujours associé à un Alex "en pleine gloire" jusqu'au moment où il va chuter.
Les choses sont différentes avec le second opéra de Rossini utilisé, cad Guillaume Tell, on entend son ouverture 2 fois ds le film et ce n'est pas du tout la même utilisation ds les 2 cas, la première fois qu'on l'entend, lorsqu'Alex est avec les deux filles dans sa chambre, si Kubrick a accéléré les images de la séquence (40s à l'ecran et 28mn au tournage), l'ouverture de Guillaume Tell a elle aussi été acceléré pour coller aux images. La scène va extrement vite comme pour montrer que le sexe n'est qu'un jeu pour Alex.La deuxième utilisation de Guillaume intervient à un moment completement différent, cad le moment où Alex revient chez lui après avoir subi le traitement Ludovico, il y a ici un vrai contraste entre le caractère futile et rapide de la séquence de tout à l'heure et le côté beaucoup plus lourd et intense de cette scène.
Même si Beethoven et Rossini sont les deux compositeurs les plus utilisés, on en retrouve d'autres dans quelques moments importants comme par exemple pour la scène d'ouverture du film. Pendant le générique on entend la version qu'a fait Walter Carlos de la "Musique pour les Funérailles de la Reine Mary" d'Henry Purcell, une musique qui pourrait plutot introduire une tragédie alors que des panneaux de couleurs vives (rouges ou bleus) apparaissent à l'écran, ce contraste introduit donc le côté décalé que l'on retrouvera tout le long du film.
Un autre aspect très important du film, cad l'aspect ironique, est mis encore une fois en valeur grâce à l'utilisation d'un morceau de Sir Edward Elgar : "Pomp and Circumstance March No. I", ce morceau passe en fond sonore de la visite du ministre à la prison, alors qu'il est normalement utilisé pour les remises des diplomes. Le fait de mettre cette musique a ce moment précis ou un personnage haut placé vient rendre visite a des jeunes qui sont en prison au lieu d'etre a l'ecole est clairement ironique.
Ironie toujours grâce a la reprise d'Alex de la chanson de Gene Kelly Singin In The Rain qui a la base decrit un moment de joie et qui ici est associé à une scène de viol.
III La musique dans la narration.
La musique, comme on l'a deja dit, possède une grande place en tant que renforcement des images mais elle a aussi une importance capitae dans le deroulement de l'histoire et dans sa mise en forme.
Alex etant fan de Beethoven, il était evident que celui-ci serait très présent et effectivement on le voit beaucoup, non seulement dans la bande sonore mais aussi dans l'image comme par exemple le moment ou Alex introduit la cassette de la 9ème symphonie dans son lecteur ou le passage avec la chanteuse ou elle sort une partition toujours de la 9eme symphonie, mais la scène ou l'image de Beethoven est la plus présente c'est bien entendu celle qui se passe dans la chambre d'Alex ou on retrouve un poster d'une gravure du visage de Ludwig Van qui semble etre en fait un store placé devant la fénêtre, on peut reperer ici une sorte d'enferment, comme si l'obsession d'Alex pour le compositeur allemand était tellement grande qu'elle le retenait prisonnier, en effet si dans le livre de Burgess, les goûts d'Alex pour la musique classique sont assez diversifiés, dans le film on dirait que le personnage n'est passioné que par Beethoven. Et si Alex est tant obsédé par Beethoven on peut comprendre pourquoi, c'est parce que sa musique possède une puissance propre à Alex, lorsque celui évolue sur la musique de Rossini, cela colle parfaitement au mouvement de la scène mais on a du mal a imaginer Alex en immense fan de Rossini tant sa musique parait etre plus legere que celle de Beethoven. On sent constamment pendant le film que dans l'esprit d'Alex, Beethoven est associé à la violence, c'est en l'ecoutant qu'il part dans des délires bibliques ou que son visage se fait plus menacant,c'est bien Ludwig Van qui inspire une grande partie de la violence d'Alex. On peut d'ailleurs remarquer qu'Alex est privé du plaisir d'couter la 9eme symphonie en même temps qu'il est privé de son gout pour la violence.
Il reste une chanson dont nous n'avons pas encore parlé, qui pourtant tient une grande place dans la narration du film, c'et Singin In The Rain, extrait de la comédie musicale du même nom. Cette chanson tient donc un rôle important dans l'histoire, c'est grâce à elle que l'ecrivain va identifier Alex comme son ancien agresseur, l'un des moments clés de la fin du film. Cette chanson semle pourtant déplacé par rapport au reste de la musique d'Orange Mécanique, d'abord parce que c'est l'un des rares morceaux qui n'est pas de la musique classique dans le film, ensuite parce que c'est le seul moment ou Alex se risque a chanter et a danser et enfin parce que cela lie directement le film a une comédie musicale.
Même si Orange Mécanique n'est pas une a proprement parler, on peut noter quelques ressemblances avec ce genre cinématographique et ça bien sur au travers de la musique. Dans toutes les scènes qu'on a déjà cité, la musique semble attirer une certaine forme de l'image et cette distorsion peut faire penser à une sorte de chorégraphie, comme par exemple le moment avec les figures de Jésus dans la chambre d'Alex ou le passage ou il corrige ses droogs le long du fleuve et ou il y a un ralentissement de l'image. Finalement, a la maniere d'une comédie musicale, toutes les scènes clés sont accompagnés d'une musique approprié et forme une histoire a elles toutes seules. (ouverture, scene du viol, tragédie du moment ou il revient chez ses parents ou tentative de suicide...).
Sujet: La fonction de la musique dans deux films de Stanley Kubrick 
Jeu 15 Fév - 14:29
, ça fait plaisir 